PAR SOPHIE ROULIN
Son taux d’activité croît de plus de 10% par an depuis 2004. Une augmentation à deux chiffres qui réjouirait plus d’une entreprise privée. Sauf que l’on parle du Réseau santé et social de la Gruyère (RSSG). Pour faire face à cette tendance à la hausse, il a demandé une augmentation de dotation de 6,5 emplois plein temps (EPT) pour le service d’aide et de soins à domicile dans ses budgets 2014. Le canton, dont on connaît les problèmes financiers, a refusé de les subventionner.
«Mais on ne peut pas ne pas soigner les gens», commente William Horner, président du comité de direction du RSSG. Le besoin supplémentaire en personnel avait d’ailleurs été reconnu par les différentes instances, dont l’assemblée des délégués des communes. Le comité de direction du RSSG a donc décidé de libérer cette dotation supplémentaire, même sans le soutien financier de l’Etat.
Réorganisation de la santé
«Nous avons vraiment le sentiment que l’Etat se déverse sur les communes», souligne William Horner. Dans son plan de mesures d’économies, le canton avait en effet déjà baissé sa participation à l’aide et aux soins à domicile de 35 à 30%.
Le vieillissement de la population et la croissance démographique expliquent en partie la hausse du recours aux soins à domicile. Sans oublier la réorganisation du secteur de la santé, notamment l’introduction du nouveau financement hospitalier. «Les séjours à l’hôpital sont toujours plus courts et entraînent des besoins plus grands au retour à la maison. Et pas seulement pour les personnes âgées, note Patrice Borcard, préfet de la Gruyère et président de l’assemblée des délégués communaux au RSSG. Les traitements sont aussi plus complexes et prennent plus de temps.»
Il règne donc un sentiment d’incompréhension. D’un côté, on veut faire baisser les coûts de la santé en réduisant le temps passé à l’hôpital et en repoussant l’entrée en EMS des personnes âgées. Mais, de l’autre, on freine le soutien aux soins à domicile qui justement permettent d’atteindre ces buts.
Recours contre la décision
Le comité de direction du RSSG n’est pas resté sans réaction face au refus du Conseil d’Etat de soutenir la dotation supplémentaire. Il a fait recours, comme c’est le cas dans d’autres districts, en Glâne notamment. Il a également fait part de sa démarche à différentes instances, dont les communes et les députés gruériens. Sur demande de ces derniers, deux séances d’information se sont tenues récemment. «La députation a été très sensible», note William Horner.
Ce que confirme Emmanuelle Kaelin Murith (pdc, Bulle): «On sait qu’on ne veut pas un réseau de santé qui refuse des soins à des personnes.» Mais il est encore trop tôt pour dire quelle sera la réaction ou les moyens d’action des députés gruériens.
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Communes à la rescousse
Pour faire face à une première évolution de ce début d’année, le RSSG a déjà engagé du personnel supplémentaire. «Mais ce ne sont pas les 6,5 EPT prévus au budget», souligne David Contini, administrateur du RSSG. Le financement de ces nouveaux postes se fera sans le soutien du canton, qui se monte normalement à 30%. Autant de charges qui seront reportées sur les communes.
Et si ces dernières ne se portaient plus à la rescousse des soins à domicile à l’avenir? «Avec une croissance telle qu’on l’a connue ces dernières années, il ne serait pas possible de garder les mêmes prestations. Des ajustements deviendraient alors nécessaires.
On peut imaginer retarder des sorties d’hôpital, mais on serait en contradiction avec la volonté de réduire la durée des séjours.» Tout dépendra de l’évolution des besoins et rien n’indique qu’ils baisseront en 2014. SR
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