La Poya 2013 n’a pas le moindre sou à distribuer

| mar, 25. mar. 2014
Les comptes bouclent sur un bénéfice de 7000 francs pour 1,635 million de charges. La dernière édition avait distribué 180000 francs. Les sociétés organisatrices craignaient des pertes.

PAR JEAN GODEL

Avec 7000 francs de bénéfice, la Poya d’Estavannens 2013 n’aura rien à distribuer aux sociétés organisatrices. Pour autant, avec un exercice équilibré, les organisateurs ont limité les dégâts. Voilà le message, hier, d’Edgar Schorderet, président du comité d’organisation. La faute à qui? A la météo, exécrable durant les cinq jours de l’édition, du 8 au 12 mai 2013. «Par beau temps, nous n’aurions eu aucune peine à atteindre notre objectif d’un bénéfice de 200000 francs.» A noter toutefois que la provision de 65000 francs dont la Poya 2013 a bénéficié pour son lancement a pu être reconstituée.
Mais on est loin des 180000 francs de bénéfice de l’édition précédente, en l’an 2000. La somme avait été versée pour un tiers à l’AGCC, l’Association gruérienne pour le costume et les coutumes, dépositaire de la manifestation: de ces 60000 francs, l’AGCC avait distribué 40000 fr. à celles de ses 40 sociétés membres qui avaient participé à l’événement, en fonction de leur implication. Les sept sociétés d’Estavannens avaient touché les 120000 fr. restants.
Rien de cela donc en 2013. Pourtant, à entendre Edgar Schorderet, on revient de loin: «Au terme de la Poya, beaucoup pensaient qu’il faudrait un miracle pour que l’exercice ne soit pas une catastrophe financière. Eh bien ce miracle a eu lieu!» Le président est allé négocier personnellement avec la quasi-totalité des créanciers. «Tous ont fait un effort. Seuls les cachets des artistes n’ont pas été touchés.» Edgar Schorderet estime à environ 100000 francs les rabais obtenus. Et salue pareille solidarité.


Bien moins d’entrées
C’est encore la météo qui explique le nombre décevant d’entrées payantes: 12500 (sur cinq jours) contre 18000 en l’an 2000 (sur trois jours). Contre-performance aussi pour l’estimation du nombre total d’entrées: 35000 contre 60000 en l’an 2000. Edgar Schorderet le reconnaît: «En annonçant une cible à 60000 visiteurs, nous sommes partis sur de fausses bases: même avec le beau, je doute que nous aurions pu atteindre ce chiffre.» Dans ces 35000 entrées, on retrouve en effet les enfants (gratuit jusqu’à 16 ans), le public du soir (gratuit), les mouvements des habitants et des 1800 bénévoles. Une pratique répandue, mais trompeuse qui joue bien des tours, à la Poya comme à d’autres. A revoir…
Le président réfute toute autre cause que la météo à ces résultats moyens: «Aux comptes, la vente des glaces affiche zéro franc», illustre-t-il. La taille de la manifestation n’est pas non plus en cause. Elle était voulue par le spectacle Réveil, commandé pour l’occasion: «Je n’ai aucun regret, c’était le clou de la Poya 2013.» Un spectacle qui, par le jeu des subventions, a clos sur un exercice équilibré. DJ Ötzi aussi a été une bonne affaire.
Edgar Schorderet souligne le gros succès du sponsoring: 515000 francs récoltés, un record pour une Poya d’Estavannens. Sans compter les prestations gratuites de l’armée, de la PC et des communes de la région, notamment celle de Bas-Intyamon. «On doit vivre avec son temps: bien des prestations gratuites en 2000 ne le sont plus aujourd’hui et les exigences se sont relevées.» L’essentiel pour lui est ailleurs: «La Poya a tenu sa promesse d’une fête populaire.»

 

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Compréhension affichée
«Je trouve miraculeux d’être parvenu à l’équilibre. La météo joue un rôle fondamental.» Président des éditions de 1989 et 2000, Raymond Gremaud a, lui, bénéficié d’un temps splendide, comme ses prédécesseurs d’ailleurs. Et puis il dit comprendre la volonté des organisateurs d’offrir quelque chose d’exceptionnel: «On pourrait rêver d’une fête plus simple, mais il faut bien se démarquer des désalpes qui, elles, sont gratuites.»
Président de l’AGCC, l’Association gruérienne pour le costume et les coutumes, Gaby Chappuis ne remet pas en question l’organisation d’une prochaine Poya: «On peut déjà s’estimer heureux de ne pas avoir de pertes. Et on a quand même reçu de grosses sommes lors des dernières éditions.» Même son de cloche chez Manuel Francey, président de la Société d’intérêts villageois d’Estavannens: «On aurait bien sûr été contents d’avoir quelque chose, mais vu la météo…» Bref, à Estavannens, on se montre compréhensifs.


Bilan après quatre ans de comité
Au terme de quatre années à la tête du comité, Edgar Schorderet tire un bilan positif. Il relève en vrac l’adéquation de la Poya 2013 avec ses valeurs originelles (la fête du chant, du costume, de la civilisation de l’herbe); la ferveur des gens de l’Intyamon; le soutien des autorités, du Musée gruérien, et même de la conseillère fédérale Doris Leuthard, présente au cortège. Mais aussi la réussite du concept de mobilité qui, la pluie aidant (!), a permis d’éloigner les voitures du village. Sans oublier sa plus grande fierté, la création du spectacle Réveil.
Côté négatif, il y a bien sûr la météo. Mais aussi certaines polémiques qui l’ont fatigué – «quand on pense au travail abattu…» – notamment autour du prix de l’entrée ou du remboursement des billets pour la messe, lequel n’a séduit que vingt personnes. Le président reconnaît aussi une gestion problématique des 1800 bénévoles («on a été un peu dépassés»). Le concert de DJ Ötzi, samedi soir? Il l’assume mais ne le referait plus: «Il a eu une attitude de vedette qui n’était pas dans l’esprit de la Poya.»
Reste la question de l’opportunité d’une telle fête: «Elle est capitale! Les gens ont besoin de ces fêtes populaires qui les réunissent. Et où célébrer la poya de nos jours, à moins de suivre un camion qui monte les vaches à l’alpage?…» jng

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