Il y a à peine moins de quarante ans, le 30 janvier 1984, les armaillis n’avaient pas vraiment le cœur à chanter. Ce jour-là, en effet, toute la Gruyère pleurait. On apprenait la disparition subite, à l’âge de 36 ans, de Bernard Romanens, armailli, fromager et chanteur, lui qui avait été sept ans plus tôt l’inoubliable soliste du Ranz des vaches, qu’il éleva à un niveau d’intensité et de douceur rarement entendu.
On a pu dire de lui qu’il «incarnait le pays». Mais le fait est que, dans son veston bleu sombre de triège à liserés rouges bordé d’edelweiss, fermement agrippé, d’une main à sa canne, de l’autre à la sangle de sa sacoche en cuir, Bernard Romanens incarnait sans aucun doute, et bien au-delà de nos frontières, l’esprit de la saison d’alpage.
Il fut un ambassadeur à barbe brune…