Selon l’Office fédéral de la statistique, Fribourg est la ville de Suisse la plus violente, avec plus de 18 infractions pour mille habitants. La réalité est tout autre selon la police, qui s’inquiète plutôt du défi que lui lance la cybercriminalité.
PAR XAVIER SCHALLER
L’Office fédéral de la statistique (OFS) a établi un classement des villes de plus de 30000 habitants en fonction des infractions qui y sont commises. En se focalisant sur les atteintes au patrimoine et la violence. Dans cette dernière catégorie, la ville de Fribourg occupe très nettement le premier rang. Devant la presse hier, Pierre Schuwey, le commandant de la police cantonale, a dit son étonnement.
Avec un taux de 18,2‰ habitants, la ville de Fribourg a le triste record des infractions violentes. Deuxièmes ex aequo, Bâle et Bienne ne présentent qu’un taux de 13,2‰. «Cette différence est énorme», s’inquiète Pierre Schuwey. «Cela ne correspond absolument pas à notre expérience quotidienne ou à notre ressenti. L’OFS n’a pas d’explication et nous non plus.»
Pas d’insécurité à Fribourg
«Quand on parle de violence, on pense immédiatement aux agressions, aux altercations ou aux vols dans la rue. Mais la moitié des cas répertoriés concernent des violences domestiques ou des violences contre des fonctionnaires.» Cette dernière catégorie implique plus de trois cas sur mille, soit trois fois plus qu’à Genève, Zurich ou Lausanne.
Selon Pierre Schuwey, ce classement s’explique en partie par la politique de tolérance zéro appliquée depuis quelques années à ces violences gratuites. «Les cas sont systématiquement dénoncés et traités. Peut-être aussi que nous faisons quelque chose de différent des autres dans l’enregistrement des cas. Nous allons chercher des explications.»
De toute façon, le commandant réfute l’idée d’une ville en proie à l’insécurité. Il constate que les autres professions de prise en charge – dans les domaines médical, social ou éducatif – n’ont jamais tiré la sonnette d’alarme. «Même le monde politique n’a jamais thématisé là-dessus.»
Cela dit, les violences ne représentent que 15% de l’ensemble des infractions au Code pénal. Si l’on tient compte de ce total, Fribourg se situe même en 2015 en dessous de la moyenne suisse, avec une baisse de 5% par rapport à 2014.
Baisse des cambriolages
Durant cette même période, les cambriolages (1102 cas) ont chuté de 28%. «La diminution de ce tourisme criminel s’explique notamment par le renforcement des contrôles aux frontières, note Pierre Schuwey, en raison de la crise migratoire et à la suite des attentats de Paris.»
Les statistiques policières 2015 montrent en revanche une explosion des infractions commises sur internet. Plus encore que les menaces ou injures, ce sont les escroqueries via internet qui progressent, passant de 118 à 447 cas.
«Plus personne n’est à l’abri et ce n’est que le début. Je regrette que très peu d’entreprises se protègent sérieusement contre ces abus.» Invitée d’honneur de la Foire de Fribourg cet automne, la police cantonale va en profiter pour communiquer sur ce sujet.
Plus d’analystes
Faisant de cette lutte l’une de ses priorités, la police va aussi renforcer ses effectifs. «Des enquêteurs d’un nouveau type sont nécessaires», constate Florian Walser, chef de la police de sûreté. «Nous avons déjà trois analystes en informatique. Nous en avons demandé six en tout plus deux analystes financiers. Nous espérons compléter cette équipe d’ici deux ou trois ans.» Il ne s’agit pas seulement de postes de travail, mais aussi de matériel et de logiciels de pointe.
«Les spécialistes ne suffisent pas, souligne Florian Walser. Pour enregistrer ce type de plaintes ou mener des perquisitions, chaque agent doit acquérir des connaissances de base. Dans toutes les affaires, il y a maintenant un volet informatique.»
Au chapitre des bonnes nouvelles, la police se réjouit d’un taux d’élucidation en progressions. Celui-ci gagne plus de trois points et atteint maintenant 42,6% – plus de 10% au-dessus de la moyenne suisse. Le nombre d’affaires traitées reste quant à lui stable, avec un peu moins de 100 affaires par jour.
Commentaires
Anne (non vérifié)
mar, 22 mar. 2016
Ajouter un commentaire